Dans les palais fantasmagoriques de la Cité d'Ivoire au coeur de la Forêt des Mensonges, dans la tour sombre du royaume du Sud des Neuf Plaines de Kureksarra et même, dit-on, dans les palais sans nom sous la Mer d'Argent où dorment les Fomorians Verts, il se murmure que l'un des aspects du Héraut de la Cour Rouge, L'homme au Sourire D'ergot a été défait sur les Terres Eveillées.
L'homme au Sourire D'ergot est fou, même selon les normes féeriques. Dans les temps anciens, avant que les hommes ne se détournent des dieux, L'homme au Sourire D'ergot était vénéré, peut-être pas directement, mais les manifestations de son pouvoir étaient redoutées et recherchées. Les tribus primitives de Celtes et de Germains lui ont sacrifié des victimes qui avaient ingéré la substance magique en leur fendant le crane. Au Moyen-Age, les chroniqueurs donnèrent un nom à la manifestation de son pouvoir : le feu de Saint-Antoine ou ignis sacer. On dit que son pouvoir était à son zénith quelque part vers la fin du XIe siècle, peu avant que Urbain II ne lance son appel à la Croisade... Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que son pouvoir fut étudié... et désenchanté. Le champignon connu sous le nom d'ergot de seigle qui empoisonnait les récoltes en cas de printemps humide et chaud fut identifié comme étant la cause des hallucinations, des accès de paranoïa, de brûlures, de tentatives de suicide, de fièvres et de convulsions recensés chez ses victimes. Celles qui survécurent parlèrent de visions hallucinatoires: certains évoquèrent le feu qui les entourait et les brûlait; d'autres voyaient avec effroi des coquelicots pousser et fleurir de leur ventre... Tous, en tout cas, se souviennent de visions de vastes champs de blé et d'un homme sombre avec des habits sombres et élimés, coiffé d'un chapeau lui cachant les yeux, mais dont on voit malgré tout le regard lumineux et fou. Sa trace est décelable dans le corps préservé du Tollund Man ou dans les bog-men retrouvés dans les marécages en Angleterre, dans les chroniques du Moyen-Age dès le haut Moyen Age (ainsi les Annales Xantenses de 857 ou les chroniques de Geoffroy de Breuil de Vigeois du XIIe siècle racontant une occurrence en Limousin dans la paroisse de Saint-Martial). On l'a rendu également responsable de l'hystérie collective des sorcières de Salem et surtout de la Grande Peur qui a mis à feu et à sang les campagnes françaises en 1789. On dit qu'avec l'invention du LSD (dont le composant de base est l'alcaloïde de l'ergot de seigle), L'homme au Sourire D'ergot a connu un autre pic de son pouvoir dans les années 1960 et 1970. Certains murmurent même que ses rêves ne seraient pas étrangers au réveil de l'imagination qui a enflammé les esprits humains lors du premier pas de l'homme sur la Lune.
Dans quelques cercles étroits d'érudits, quelques vers étaient préservées, tirées d'une prophétie plus longue qui concernait L'homme au Sourire D'ergot. On disait qu'il se manifestait sur les Terres Eveillées lorsque "1000 rêveurs rêvaient le même rêve." Nul ne savait ce qu'il fallait faire pour le faire repartir et pour l'empêcher de faire venir alors le reste de la Cour en empoisonner le reste de l'humanité de ses rêves de folie. ... Jusqu'à ce que les Prophètes de l'Hiver ne l'empêchent de se manifester en lui offrant son dû, l'obligeant ainsi à repartir. A présent, depuis la Cité d'Ivoire jusqu'à la Tour Sombre et même dans les Palais d'Emeraude, on se tourne vers les Terres Eveillées et on se demande: "mais qui sont-ils, ceux-là qui ont défait le Héraut de la Cour Rouge?"