Wednesday, March 27, 2002

The Artificial Fairy Girl (Capecia Prologue)

J'ai changé le message du 27 décembre dernier (2001). Car je m'aperçois que ce message était le premier pas d'une œuvre. Ma Grande Œuvre, peut-être? Aussi le revoici, tel que modifié. Aujourd'hui est un jour étrange. Je me suis levée avec les images d'un rêve étrange encore vivaces dans mon esprit. Un sentiment de malaise mais en même temps d'exaltation m'emplissait, comme si ce rêve provoquait en moi des interrogations fondamentales. Ce rêve était une pièce de théâtre. J'ai vu la scène que je vous réécris ci-dessous. De fait, je reviens sur la forme d'un journal. Tant pis pour la symbolique du temps arrêté. Voici donc ce rêve. Je l'ai illustré d'images qui, j'en suis sûre, ont dû influencé mon subconscient. Moi, la petite fille morte qui n'a jamais vécu, voici que je rêve de ma naissance, peut-être...  

Capecia: La Cité Mécanique

Acte I

Scène 1

La scène se passe dans une très grande pièce, une usine désaffectée ou un hangar ou peut-être même une cathédrale. Des chaînes pendent du plafond qui est invisible. Dehors, on peut entendre le bruit de la pluie et du tonnerre. Au centre de la scène, sous une unique lumière jaune d'une lampe qui pend au plafond et qui n'éclaire que la table d'opération, The Artificial Fairy Girl (crâne rasée, entre 10 et 14 ans, nue mais d’une nudité qui ne peut choquer, une nudité anesthésiée, semblable à celle d'un mannequin de grand magasin, sans aucun poil pubien) est allongée sur une sorte de table d’opération. L’Inventeur est penchée au-dessus d’elle. Ils sont entourés de nombreux mannequins, automates, jouets et autres robots plus ou moins déglingués. Un éclair strie le ciel dehors et une lumière très vive illumine toute la scène avant de courir le long des chaînes et d’atteindre le centre de la scène où est allongée The Artificial Fairy Girl. L’Inventeur recule comme s’il avait été frappé par la foudre et tombe sur les fesses, dos au public, les cheveux ébouriffés. Le silence revient doucement alors qu'on entend un dernier bruit de circuit électrique qui se consume et qui meurt. On entend le bruit de la pluie sur le toit métallique qui se fait plus ténu juste avant la première réplique.

The Artificial Fairy Girl, se dressant sur la table – Où suis-je?

L’Inventeur, toujours assis – Elle vit!

Les Automates, se rapprochant et entourant The Artificial Fairy Girl, leur voix est robotique et nasillarde – Elle vit ! Hourrah !

The Artificial Fairy Girl, levant le bras gauche, le tournant et retournant devant ses yeux – Qui suis-je ?

L’Inventeur, se relevant – Elle parle !

Les Automates – Elle parle ! Hourrah !

(Ils lèvent les bras au ciel, certains perdent un bras ou un œil.)

The Artificial Fairy Girl, regardant autour d’elle – Je... Je sais qui je suis.

L’Inventeur, s’approchant fébrilement d’elle – Bien sûr ! Tu es un joyau ! Tu es la perfection ! Tu es le futur ! Tu es fée !

Les Automates – Elle est fée !

L’Inventeur – Tu es humaine !

Les Automates – Elle est humaine !

(Pour la première fois, elle le regarde, et semble l’embrasser longuement du regard. Elle sourit alors, d’un sourire triste.)

The Artificial Fairy Girl, tendant une main gracieuse et caressant la joue de l’Inventeur - Vous êtes gentil. Mais il y a un défaut. Il y a toujours un défaut.

L’Inventeur, prenant sa tête dans ses mains – Non ! Non ! Ce n’est pas possible ! J’ai…

The Artificial Fairy Girl, le regardant avec compassion – Oui, tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir. Tout. Et même plus. Ce que tu as fait, personne avant ne l’avait fait. Tu as créé une nouvelle fée ou un nouvel homme. Une femme qui est une fée, une fée qui est une femme. Tu m’a créée, moi, et tu m’as donnée la connaissance, tu m’as fait intelligente, et consciente. Et belle. (Elle se contemple à nouveau, inspectant chaque partie de son corps.) Tu m’as donnée de longues jambes. (Elle lève sa jambe droite puis sa jambe gauche.) Tu m’as donné de longs bras. (Elle bouge ses bras.) Et de longues mains gracieuses. (Elle joue avec ses mains. Elle pouffe :) Ce sont les mains d’une artiste. D’un pianiste. Tu m’as donné de belle hanches rondes. (Elle met ses mains sur ses hanches.) Et une taille très fine. (Ses mains remontent le long de son corps.) Tu as même pensé au nombril ! (Elle l’entoure de ses deux mains dans un geste bouddhiste.)

L’Inventeur – Oui, car nous t’avons fait naître d’une mère humaine.

The Artificial Fairy Girl – Et tu m’as donnée une poitrine généreuse. (Elle passe ses mains sous ses seins dans un effleurement sensuel mais qui est finalement rendu obscène par le caractère plastique de son corps qui doit ressortir alors.)Tu m’as donnée un long cou, le cou d’une princesse car il est fait pour porter les plus beaux colliers. (Elle baisse la tête pour montrer son cou et sa nuque, ses cheveux - qui sont soudainement apparus - tombent devant son visage.)

(Elle marque une pause un instant avant de relever le visage. Le ton s’accélère et devient exalté.)

Et un visage ovale aux traits fins. (Elle relève le visage, les yeux grands ouverts, regardant le plafond, alors qu’un éclair illumine la pièce et son visage.) Mes longs cils (elle les souligne de ses doigts graciles comme si elle se maquillait) encadrent de grands yeux au regard sombre et profond comme les eaux d’une mer tropicale. (Elle s’arrête, visiblement émue.)

L’Inventeur – Oui.

Les Automates – Oui ! Oui ! (Ils dansent.)

L’Inventeur, se tournant vers les Automates et vers le public – Oui ! Mes amis ! Elle est parfaite !

Les Automates, dansant, certains tombant car perdant une jambe, ou leurs bras se détachant, ce qui les envoie valdinguer à l'autre bout de la scène – Elle est parfaite ! Elle est fée ! Elle est humaine !

The Artificial Fairy Girl, pensive – On dit que les yeux sont les fenêtres de l’âme. Et j'ai une âme.

LES AUTOMATES, dansant toujours - Elle a une âme! Elle a une âme!

THE ARTIFICIAL FAIRY GIRL - D'où vient-elle? A qui appartenait-elle? Je ne sais pas. Mais toi...

(Elle prend le visage de l'Inventeur dans ses deux mains, se penchant vers lui comme si elle était plus grande que lui.)

THE ARTIFICIAL FAIR GIRL, exaltée - Tu m'as tout donnée pour me rendre plus humaine qu'une humaine, pour faire de moi...

(Elle s'interrompt brutalement. Les automates s’arrêtent et tendent le visage vers elle comme si elle venait de dire quelque chose de perturbant.)

The Artificial Fairy Girl – Mais je n’ai pas de sexe.

(Elle se dresse alors complètement et on la voie, dans toute sa nudité brute, son absence de sexe évident; le vestige d'un sexe, le fantôme d'un vagin, comme une poupée Barbie ou comme les mannequins de grands magasins. Tous se figent. La scène forme un tableau immobile.)

 Scène 2

Un éclair strie à nouveau le ciel au dehors et illumine les personnages en saccadée alors que le roulement du tonnerre retentit. La pièce prend des tons bleutés et les parois semblent être faites de glace : elles reflètent les personnages. La Reine des Glaces entre. Elle est vêtue d’une robe bleue dont le haut semble fait d’écailles de métal clair, presque comme une armure. Elle porte une hermine blanche autour du cou. Ses longs cheveux blancs tombent en cascade dans son dos et son front est encerclé par un diadème d’or blanc au centre duquel brille un diamant. Ses yeux sont très noirs et sans blanc. Lorsqu’elle marche, elle semble glisser vers The Artificial Fairy Girl au centre de la scène.)

La Reine des Glaces, prenant son visage dans une main comme une coupe de champagne – Comme tu es belle. Cela fait si longtemps que je t’attends. Je t’ai surveillée depuis si longtemps. Je t’ai regardée naître. Je t’ai regardée grandir. Je t’ai regardée devenir ce que tu es. Je t’ai entendu.

(Elle tourne autour.)

La Reine des GlacesTu n’as pas de sexe, dis-tu ? N’ai pas peur : je t’en donnerai un. Et surtout. Je te donnerai des rêves, des désirs, des instincts animaliers de reproduction. (Elle prononce le mot comme une griffure au visage des spectateurs.) Et tu seras la première de ton genre. (Elle se tourne vers le public, regarde au-dessus de lui et prend un ton exalté.) Un nouveau genre, appelé à remplacer celui qui nous a oubliées, celui qui nous a chassées, celui qui nous a détruites. Tu seras la nouvelle humanité. (Elle s’avance vers le public et regarde droit vers lui.) Et je serais votre nouveau Prométhée !

(Un éclair strie le ciel. Le grondement de tonnerre retentit. La lumière électrique revient.)

L’Inventeur, éberlué – Qui était-ce?

Les Automates, regardant autour d'eux puis, en chœur – La Fée Bleue.

(Rideau.)


Monday, March 25, 2002

Dans la folie, ô enfin je te trouve



Il serait question de se demander pourquoi l'homme ne peut-il concevoir ce qui le dépasse que dans la folie, la mort, l'amour c'est à dire trois facettes d'un même état.

Et nous quel est notre rôle vis-à-vis de tout cela?

Qu'en pensez-vous ô prophètes?

Sunday, March 24, 2002

Experiments in the Revival of Organisms

Nov. 22, 1943 A thousand U.S. scientists in Manhattan last week saw dead animals brought back to life. It was the first public U.S. showing of a film picturing an experiment by Soviet biologists. They drained the blood from a dog. Fifteen minutes after its heart had stopped beating, they pumped the blood back into its lifeless body with a machine called an autojector, serving as artificial heart and lungs. Soon the dog stirred, began to breathe; its heart began to beat. In twelve hours it was on its feet, wagging its tail, barking, fully recovered.

This picture was shown to a Congress of American-Soviet Friendship. The film explained the work of a group of Russian scientists under Dr. Serge Bryukhonenko at the U.S.S.R. Institute of Experimental Physiology and Therapy at Moscow. The scientific audience thought this work might move many supposed biological impossibilities into the realm of the possible.

The autojector, a relatively simple machine, has a vessel (the "lung") in which blood is supplied with oxygen, a pump that circulates the oxygenated blood through the arteries, another pump that takes blood from the veins back to the "lung" for more oxygen. Two other dogs on whom the experiment was performed in 1939 are still alive and healthy. The autojector can also keep a dog's heart beating outside its body, has kept a decapitated dog's head alive for hours—the head cocked its ears at a noise and licked its chops when citric acid was smeared on them. But the machine is incapable of reviving a whole dog more than about 15 minutes after its blood is drained—body cells then begin to disintegrate.

Saturday, March 23, 2002

La nuit je mens

Improbables imaginations.

J'imagine quelques fois, souvent en rêve, qu'une femme (que je ne connais pas) vit dans un trailer au milieu du désert.

Je la vois parfaitement: ses cheveux roux mi-longs coupés au carré volant par mèches folles dans le vent poussiéreux du soleil couchant (cliché, isn't it?), sa chemise à carreaux nouée sur le nombril; elle se penche pour ramasser quelque chose que je ne distingue pas bien dans mon rêve.

Comme dans la chanson de Cohen: I hear you're building your house, deep in the desert. I hope you're keeping some kind of record. You're living for nothing now.

Je sais que ceci est une illusion, un fantasme, une rêverie. Ceci n'est pas en train d'arriver là-bas, ailleurs. Et pourtant, au moment où je le vois, dans la fenêtre de mon esprit endormi, je suis persuadée de me pencher sur une scène réelle.

Ces derniers temps, depuis la chute des tours, de plus en plus en souvent, je m'imagine des vies rêvées ailleurs, loin, dans d'autres pays. Et ces vies me paraissent de plus en plus réelles. Plus réelles que le fantôme d'existence que je mène ici-bas.

Le plus étrange : cette femme, c'est moi.

Thursday, March 21, 2002

L’homme ne renonce pas de son plein gré à la liberté

La première moitié du 20ème siècle restera l’époque des grandes découvertes scientifiques, des révolutions, de gigantesques bouleversements sociaux et de deux guerres mondiales.

Mais la première moitié du 20ème siècle entrera aussi dans l’histoire de l’humanité comme la période de l’extermination totale d’énormes masses de la population juive, extermination qui s’est fondée sur des théories sociales ou raciales. Le monde actuel le tait avec une discrétion fort compréhensible.

Une des propriétés les plus extraordinaires de la nature humaine qu’ait révélée cette période est la soumission. On a vu d’immenses files d’attente se constituer devant les lieux d’exécution et les victimes elles-mêmes veillaient au bon ordre de ces files. On a vu des mères prévoyantes qui, sachant qu’il faudrait attendre l’exécution pendant une longue et chaude journée, apportaient des bouteilles d’eau et du pain pour leurs enfants. Des millions d’innocents, pressentant une arrestation prochaine, préparaient un paquet avec du linge et une serviette et faisaient à l’avance leurs adieux. Des millions d’êtres humains ont vécu dans des camps qu’ils avaient construits et qu’ils surveillaient eux-mêmes.

Et ce ne furent pas des dizaines de milliers, ni même des dizaines de millions, mais d’énormes masses humaines qui assistèrent sans broncher à l’extermination des innocents. Mais ils ne furent pas seulement des témoins résignés ; quand il le fallait, ils votaient pour l’extermination, ils marquaient d’un murmure approbateur leur accord avec les assassinats collectifs. Cette extraordinaire soumission des hommes révéla quelque chose de neuf et d’inattendu.

Bien sûr, il y eut la résistance, il y eut le courage et la ténacité des condamnés, il y eu les soulèvements, il y eut des sacrifices, quand, pour sauver un inconnu, des hommes risquaient leur vie et celle de leurs proches. Mais, malgré tout, la soumission massive reste un fait incontestable.

Que nous apprend-elle ? Est-ce un aspect nouveau et surprenant de la nature humaine ? Non, cette soumission nous révèle l’existence d’un nouveau et effroyable moyen d’action sur les hommes. La violence et la contrainte exercées par les systèmes sociaux totalitaires ont été capables de paralyser dans des continents entiers l’esprit de l’homme.

En se mettant au service du fascisme, l’âme de l’homme proclame que l’esclavage, ce mal absolu, porteur de malheur et de mort, est le seul et unique bien. L’homme ne renonce pas aux sentiments humains, mais il proclame que les crimes commis par le fascisme sont une forme supérieur de l’humanisme, il consent à partager les gens en purs et impurs, en dignes et indignes. La volonté de survivre à tout prix a eu pour résultat la compromission de l’âme avec l’instinct.

L’instinct reçoit l’aide de la puissance hypnotique qu’exercent des systèmes idéologiques globaux. Ils appellent à tous les sacrifices, ils invitent à utiliser tous les moyens au nom du but suprême : la grandeur future de la patrie, le progrès mondial, le bonheur de l’humanité, de la nation, d’une classe.

A côté de ces deux premières forces (l’instinct de conservation et la puissance hypnotique des grandes idées), il y en a une troisième : l’effroi provoqué par la violence sans limite qu’exerce un Etat puissant, par le meurtre érigé en moyen de gouvernement.

La violence exercée par un Etat totalitaire est si grande qu’elle cesse d’être un moyen pour devenir l’objet d’une adoration quasi mystique et religieuse.

Sinon, comment peut-on expliquer que des penseurs juifs non dépourvus d’intelligence aient pu affirmer qu’il était indispensable de tuer les Juifs pour réaliser le bonheur de l’humanité et qu’ils étaient prêts à conduire leurs propres enfants à l’abattoir, qu’ils étaient prêts à répéter, pour le bonheur de la patrie, le sacrifice d’Abraham ?

Sinon, comment peut-on expliquer qu’un poète, fils de paysan, doué de raison et de talent, ait écrit un poème plein de sincérité qui glorifiait une époque de souffrance sanglantes de la paysannerie, une époque qui avait dévoré son père, un paysan travailleur, honnête et simple ?

Un des moyens qu’exerce le fascisme sur l’homme est l’aveuglement. L’homme ne peut croire qu’il est voué à l’extermination. L’optimisme dont faisaient preuve les gens alors qu’ils étaient parfois au bord de la tombe est tout bonnement étonnant. Un espoir insensé, parfois vil, parfois lâche, engendrait une soumission du même ordre, une soumission pitoyable, parfois vile, parfois lâche.

Le soulèvement glorieux du ghetto de Varsovie, le soulèvement de Treblinka, le soulèvement de Sobibor, les petites révoltes des brenner sont nés du désespoir.

Mais, bien sûr, le désespoir lucide et total n’a pas seulement suscité des soulèvements et de la résistance, il a également suscité une aspiration inconnue de l’homme normal, à être tué le plus rapidement possible.

Des hommes se disputaient à qui passerait le premier dans les files d’attente devant les fossés sanglants ; on entendit une voix exaltée, folle, exultante même, crier :

- Yidn, n’ayez pas peur, rien de terrible, cinq minutes à passer et c’est terminé !

Tout, tout engendrait la soumission, l’espoir aussi bien que le désespoir. Les gens d’une même destinée ne sont pas forcément de même nature.

Il faut s’interroger sur ce qu’a dû voir et endurer un homme pour en être réduit à attendre comme un bonheur le moment de son exécution. Et en premier lieu ceux qui devraient s’interroger là-dessus, ce sont les hommes qui sont enclins à expliquer qu’il aurait fallu combattre dans des conditions dont, par chance, ces professeurs n’ont pas la moindre idée.

Etant établi que l’homme se soumet à une contrainte et à une violence infinie, il faut en tirer la déduction ultime, décisive pour la compréhension de l’homme et de son avenir.

La nature de l’homme subit-elle une mutation dans le creuset de l’Etat totalitaire ? L’homme perd-il son aspiration à la liberté ? Dans la réponse à ces questions résident le sort de l’homme et le sort de l’Etat totalitaire. Une transformation de la nature même de l’homme impliquerait le triomphe universel et définitif de la dictature de l’Etat, la conservation de l’instinct de liberté chez l’homme impliquerait la condamnation de l’Etat totalitaire.

Les soulèvements glorieux du ghetto de Varsovie, de Treblinka et de Sobibor, le gigantesque mouvement de résistance qui s’empara de dizaines de pays asservis par Hitler, les soulèvements qui eurent lieu après la mort de Staline à Berlin en 1953, en Hongrie en 1956 et ceux des camps de Sibérie et d’Extrême-Orient, les mouvements en Pologne, les mouvements étudiants pour la liberté de pensée dans de nombreuses villes, les grèves dans de nombreuses usines, tout cela a démontré que l’instinct de liberté chez l’homme est invincible. Il a été étouffé mais il a toujours existé. L’homme, condamné à l’esclavage, est esclave par destin et non par nature.

L’aspiration de la nature humaine à la liberté est invincible, elle peut être écrasée mais elle ne peut être anéantie. Le totalitarisme ne peut pas renoncer à la violence. S’il y renonce, il périt. La contrainte et la violence continuelle, directes ou masquées, sont le fondement du totalitarisme. L’homme ne renonce pas de son plein gré à la liberté. Cette conclusion est la lumière de notre temps, la lumière de l’avenir.

- Vassili Grossman, Vie et Destin, 1962

Friday, March 08, 2002

Changing Of The Guard

Sixteen years,
Sixteen banners united over the field
Where the good shepherd grieves.
Desperate men, desperate women divided,
Spreading their wings 'neath the falling leaves.

Fortune calls.
I stepped forth from the shadows, to the marketplace,
Merchants and thieves, hungry for power, my last deal gone down.
She's smelling sweet like the meadows where she was born,
On midsummer's eve, near the tower.

The cold-blooded moon.
The captain waits above the celebration
Sending his thoughts to a beloved maid
Whose ebony face is beyond communication.
The captain is down but still believing that his love will be repaid.

They shaved her head.
She was torn between Jupiter and Apollo.
A messenger arrived with a black nightingale.
I seen her on the stairs and I couldn't help but follow,
Follow her down past the fountain where they lifted her veil.

I stumbled to my feet.
I rode past destruction in the ditches
With the stitches still mending 'neath a heart-shaped tattoo.
Renegade priests and treacherous young witches
Were handing out the flowers that I'd given to you.

The palace of mirrors
Where dog soldiers are reflected,
The endless road and the wailing of chimes,
The empty rooms where her memory is protected,
Where the angels' voices whisper to the souls of previous times.

She wakes him up
Forty-eight hours later, the sun is breaking
Near broken chains, mountain laurel and rolling rocks.
She's begging to know what measures he now will be taking.
He's pulling her down and she's clutching on to his long golden locks.

Gentlemen, he said,
I don't need your organization, I've shined your shoes,
I've moved your mountains and marked your cards
But Eden is burning, either brace yourself for elimination
Or else your hearts must have the courage for the changing of the guards.

Peace will come
With tranquility and splendor on the wheels of fire
But will bring us no reward when her false idols fall
And cruel death surrenders with its pale ghost retreating
Between the King and the Queen of Swords.

- Bob Dylan

reprise par Patti Smith

Tuesday, March 05, 2002

1969

I remember. I had gone out in the garden after having watched the eagle landing on the small black-and-white familial screen. The night was cool and speckled with billions of stars. Impossible to distinguish each and every one of them. You had to try to embrace all of them in one look. I heard the voices in the television coming from the inside through the window of the living room. From the back of the garden where the night was darker and entered in the woods the crickets were seemingly calling out to me. At one time, I thought I heard something – or someone. I tried to pierce the darkness of the woods to see what it was but to no avail. Nonetheless, I felt a diffuse fear – fear of the dark, fear of the unknown of a presence in this darkness. I couldn’t hear the television any more at that moment whereas the crickets sang louder still; I only heard their pervasive, repetitive and enticing song. I felt the presence getting closer, looking at me, spying on me from under the woods. I stepped forward then, I believe. And, during a very short, evasive moment, full of vertigo, I saw myself through the eyes of the intruder from under the woods. I saw myself on the garden lawn, under the starry vault. When I came back inside, I was no longer the same man. I became a man this night. Today, many years after, I am no longer the same man. And yet – yet, I keep this undying memory as if I were still that man, that young man who, on a summer night nearly forty years ago, went out in the garden to watch the stars still filled with wonder by the spectacle he had witnessed – the spectacle of four men walking on a dry rock. 

 

Saturday, March 02, 2002