Saturday, November 17, 2001

Un espoir dans le grand froid?

The divine people live out their passionate lives not far off, as I think, and we shall be among them when we die. May it not even be that death shall unite us to all romance, and that some day we shall fight dragons among blue hills.
William Butler Yeats, The Celtic Twilight. A notre mort, nous partirons combattre sur les plaines immortelles de Moy Tura comme les dieux lumineux d'antan.

Wednesday, November 14, 2001

L'identité d'@lix

Je sais qui tu es @lix.

Tu es quelqu'un qui nous envoie des messages depuis l'Autre Monde, celui des Celtes, celui qui est à la fois l'au-delà, le pays des morts au-delà du soleil couchant mais aussi le monde des fées. @lix, tu es mort(e), quelque part, et Wilda Berchta est venue te chercher.

Car:

Après le couloir de l'Avent, le vieux Noël ouvre le cycle des douze jours ou douze nuits, suivant ses origines celtiques ou germaniques. Depuis le 1er novembre l'air du temps n'est plus tout à fait le même. Les frontières entre le monde des vivants et des morts, entre le monde des humains et des Fées se sont effacées dès l'arrivée des "Etres de Passage". De l'Avent à la Sainte-Mélanie, au coeur de l'Epiphanie les cieux sont visités de nombreuses cohortes aériennes. Devançant de plusieurs millénaires le traîneau de Santa-Claus, Wodan-Odin, dieu des tempêtes et des morts monté sur son cheval blanc, conduit la Joreleî (horde du temps de Jule, l'armée furieuse ou chasse sauvage) encadrée par la blonde cavalcade des Valkyries, et majestueusement escortée par la déesse Berchta, la Wilda Berchta, Perchta ou Eisenberta. Par-dessus les campagnes et les villes d'Allemagne, de Bavière, du Tyrol, de Suisse orientale (...), Berchta mène derrière elle sa suite féerique.

Accrochée à son manteau de brouillard, de neige et de vent se presse la foule des "laisés-pour-compte" qu'elle rassemble et réconforte. Une nichée de bébés morts-nés gazouille dans sa capuche, des enfants trépassés non baptisés, des morts mal enterrés, oubliés, des âmes d'assassinés, de pauvres âmes suicidées par trop d'amour voisinent des ombres de Lutins perdus, de Fées défuntes, d'Elfes délaissés, de fantômes fanés, tout heureux de se retrouver ensemble à courir la campagne avec leur bienfaitrice, à visiter les maisons décorées pour Noël, à déposer des cadeaux, punir les méchants, récompenser les méritants et recueillir d'autres âmes en peine abandonnées sur les chemins. Elle descend au carrefour de quatre routes où pleure une âme gelée, l'emporte parmi les siens qui, empressés de l'entourer, lui rendent par des caresses et baisers vie et lumière. Et c'est une nouvelle luciole qui v a et vient joyeusement entre les formes iridescentes et gracieuses, et mêle son chant aux jappements joueurs d'une bande de chiens minuscules et ailés.

- Pierre Dubois, L'Encyclopédie des fées.


Cela fait penser au roi des aulnes, le Erlkoenig des légendes allemandes. ce roi des elfes qui ravit les âmes des enfants, les fait passer de vie à trépas pour les emmener dans son royaume. On peu le reconnaître, sur son grand cheval, vêtu de son grand manteau noir aux replis noirs, à ses bottes noires et à sa grande hotte dans laquelle il porte les âmes des enfants.

@lix, tu as été enlevé(e) par Berchta ou par le Erlkoenig et emmené(e) dans le royaume fantomatique d'où tu écris, afin de faire ramener l'Age d'Or, car tant que le Printemps ne reviendra pas, tu resteras prisonnière du roi des Elfes.

D'une certaine manière, je trouve tout cela plutôt rassurant: on peut communiquer par des e-mails depuis l'autre côté des portes de la mort...

Tuesday, November 13, 2001

Message 5

"Ici, tout comme à Belgrade, je vois dans les rues un grand nombre de jeunes femmes aux cheveux grisonnants et même blancs. Leurs visages sont défaits mais encore jeunes et les formes de leurs corps témoignent mieux encore de leur jeunesse. Il me semble voir comment au-dessus des têtes de ces êtres faibles est passée la main de la guerre et les a parsemées d'une neige précoce.

"Cette image ne se conservera pas longtemps, ces têtes achèveront bien vite de blanchir, puis elles disparaîtront complètement du fleuve ondoyant des passants vivants. C'est dommage. Rien ne parlerait mieux et plus clairement aux générations futures de notre époque, que ces jeunes têtes blanches à qui l'insouciance et la joie de la jeunesse ont été en partie, ou complètement, volées.

"Qu'elles soient mentionnées au moins dans cette note."

— Ivo Andritch, Sarajevo, le 14 juin 1946

Monday, November 12, 2001

Oberon

J'ai récemment reçu un message d'un certain Corri. En réponse à sa question, je me contenterai, encore une fois, des mots du poète:

Come away, O human child!
To the waters and the wild
With a faery, hand
in hand,
For the world's more full of weeping than you can understand.

Et, en cadeau, une image:

 
 

Sunday, November 04, 2001

Message 4

"L'univers éclata. L'obus arriva et je sus qu'il arrivait. Enorme, gros comme l'univers. Il remplit exactement un univers fini. C'était la convulsion même de cet univers (…). Qu'est-ce que je fais là? Je suis un homme. J'ai été promis à un monde d'hommes et d'animaux. Mes ancêtres ont travaillé à une civilisation pour que soudain nous n'y puissions plus rien et que le mouvement se perde machinal, absurde, aveugle? Une machine, un canon qui tire sans arrêt tout seul. Qu'est-ce que cela? Ce n'est ni un homme, ni un animal, ni un dieu. C'est un calcul oublié qui poursuit seul sa trajectoire à travers le monde, c'est un résidu incroyable. Quelle est cette reprise étrange de la matière sur la vie? Quel est ce déroulement mécanique de la matière? Des mots absurdes deviennent vrais: mécanisme, matérialisme. C'était un déchaînement inattendu, épouvantable. L'homme au moment d'inventer les premières machines avait vendu son âme et maintenant le diable le faisait payer. Je regarde, je n'ai rien à faire. Cela se passe entre deux usines, ces deux artilleries. L'infanterie, pauvre humanité mourante, entre l'industrie, le commerce, la science. Les hommes, qui ne savent plus créer des statues, des opéras, ne sont bons qu'à découper du fer en petits morceaux. Ils se jettent des orages et des tremblements de terre à la tête, mais ils ne deviennent pas des dieux. Et ils ne sont plus des hommes."

— Pierre Drieu La Rochelle, 1934

Thursday, November 01, 2001

Et la Mort n'aura pas d'Empire

Les brumes de la Samhain se dissipent dans le matin froid de novembre et alors que la terre, encore marquée par le passage des morts qui se sont évanouis à nouveau de l'autre côté des portes qui se referment, je lis les mots du poète. Car je veux y croire.
And death shall have no dominion.
Dead mean naked they shall be one
With the man in the wind and the west moon;
When their bones are picked clean and the clean bones gone,
They shall have stars at elbow and foot;
Though they go mad they shall be sane, 
Though they sink through the sea they shall rise again; 
Though lovers be lost love shall not; 
And death shall have no dominion.

 

And death shall have no dominion.
Under the windings of the sea
They lying long shall not die windily;
Twisting on racks when sinews give way, 
Strapped to a wheel, yet they shall not break;
Faith in their hands shall snap in two,
And the unicorn evils run them through;
Split all ends up they shan't crack;
And death shall have no dominion.

 

And death shall have no dominion.
No more may gulls cry at their ears
Or waves break loud on the seashores;
Where blew a flower may a flower no more
Lift its head to the blows of the rain;
Through they be mad and dead as nails,
Heads of the characters hammer through daisies;
Break in the sun till the sun breaks down,
And death shall have no dominion.

 Dylan Thomas.